Dans son usine de Panissières, le constructeur Notin poursuit un double objectif : produire plus, sans sacrifier la qualité de fabrication de ses camping-cars. Mais comment fait-il ?
Le constructeur Notin, plus que centenaire, accélère la cadence et vise une production de 350 camping-cars en 2025, soit une progression de 40% sur la dernière année et pratiquement 200% depuis 2018, date de la mise en service de la nouvelle usine ! Il reste de la marge, car l’usine est calibrée pour en produire près du double.
Deux nouveaux camping-cars Notin
Une production tirée par une demande en forte hausse, en France et en Belgique. « Le succès de la série limitée Malaga CF nous a permis d’élargir encore notre clientèle et confirmer la progression sensible de nos ventes sur l’ensemble des marchés » se félicite Guerric Bruand, le directeur général de Notin.
Cet élargissement s’accélère avec l’arrivée de deux nouveaux camping-cars Notin au sein de la collection 2026 : l’un sur Mercedes Sprinter (modèle Bruges) et l’autre sur Fiat Ducato (modèle Vitoria).
Amélioration permanente
En Allemagne, où la situation se tend, les efforts déployés par « Trigano Haus », la structure de commercialisation des marques du groupe Trigano, portent déjà ses fruits. Trois distributeurs rejoignent le réseau Notin.
Ces résultats poussent le plus ancien constructeur français de véhicules de loisirs à revoir l’organisation de la production, fractionnée en 24 postes, contre douze auparavant. Objectif, mieux répartir les missions et le nombre des opérateurs par poste.
Amélioration continue, gestion des flux, réduction des gaspillages, propreté du poste de travail… Tout a été repensé à l’aune de la « Lean Production », une méthode popularisée par Toyota dans les années 60, puis largement reprise par l’industrie automobile. Dans cet esprit, les postes préparation se rapprochent des postes de montage.
Sur la ligne de production, se succèdent les camping-cars Progress sur Fiat Ducato et ceux de la gamme Exclusiv sur Mercedes Sprinter. Seuls les prestigieux Notinliner échappent à ce parcours en raison de leur conception hors norme : près de 2000 h de travail pour chaque véhicule… Notin n’en produit qu’une poignée chaque année depuis 2012.
« Un camping-car Notin, c’est pratiquement mille lignes de référence, dont 40% pour le seul mobilier » détaille le directeur de l’usine, Florian Pras.
Panneaux allégés
Le constructeur français n’est pas équipé pour l’instant d’un centre d’usinage à commande numérique, ce qui l’oblige à sous-traiter la découpe des panneaux en contreplaqué. En revanche, il stocke et transforme le bois massif, toujours privilégié sur les encadrements de porte et les éléments structurant. D’où l’importance d’avoir des menuisiers-ébénistes, fers de lance de Notin. Quatre essences de bois sont utilisées : chêne, fraké, frêne et ayous. Le bureau d’études fera le meilleur choix en fonction des contraintes de poids, de prix et de résistance.
« La traque au poids est notre priorité » lâche sans détour Guerric Bruand, confronté, comme l’ensemble des autres acteurs du camping-car, à des châssis de plus en plus lourds… Cette exigence l’a déjà contraint à arbitrages sévères, comme abandonner les carrosseries en alufiber en 2016.
Les recherches sont permanentes pour gagner quelques kilos. Récemment, Notin a développé en interne des panneaux sandwich allégés composés d’un contreplaqué bois (3 plis) à l’extérieur et d’un noyau en PET à l’intérieur (PET = polytéréphtalate d’éthylène, un plastique recyclé issu des bouteilles d’eau). Un matériau léger (30% gagné sur la balance), offrant les mêmes caractéristiques mécaniques que du contreplaqué massif en peuplier. Reste le prix… deux fois plus cher !
Sept camping-cars par semaine
Les panneaux de carrosserie arrivent d’Espagne où un prestataire les réalise en suivant les préconisations formulées par Notin : une construction 100% inaltérable, sans ossature bois, composée de deux faces (intérieure/extérieure) en polyester et une isolation en mousse Styrofoam ; un cadre polyuréthane (PU) en périphérie et autour de chaque ouvrant (porte / fenêtres) garantit la rigidité.
Si Notin réalise des gains de productivité, il n’en fait pas non plus une obsession. Avec 7 camping-cars produits par semaine (+40% par rapport à l’ancienne configuration de l’usine), les résultats restent très en-deçà des grands industriels du camping-car qui fabriquent en série une quinzaine de véhicules par jour sur chaque ligne de production… Un autre monde.
En toute indépendance
De toute évidence, Notin préserve un savoir-faire unique. Pour s’en convaincre, il suffit de visiter l’usine et franchir la porte de l’atelier de peinture où transite l’ensemble du mobilier, préalablement assemblé. Après une couche préparatoire et un léger ponçage à la main, les peintres appliquent la couche de finition : laque ou vernis blanchi. En d’autres termes, pas de stratifié ni de décor papier. « Cette étape très spécifique, unique à Notin, absorbe à elle seule une quarantaine d’heures de travail par véhicule. A ce décompte, il faut ajouter près de 90 h pour la découpe et l’assemblage du mobilier ».
Notin garde la main sur les achats, alors même qu’il appartient au groupe Trigano qui négocie des contrats cadre avec les principaux fournisseurs du secteur. « Nous avons nos propres standards de qualité. C’est la raison pour laquelle vous trouverez chez Notin des composants spécifiques, comme des mitigeurs en laiton avec bille céramique ou des équipements électriques de la marque française Dolphin, spécialisée dans le nautisme ».
