Et si nous mettions a profit ce début d’année pour nous interroger sur l’avenir du camping-car. Au-delà de la bonne tenue du marché, les véhicules de loisirs font clairement de la résistance, arrêtons-nous sur les tendances qui dessinent les contours du camping-car en 2025.
De nouveaux acheteurs au rendez-vous
On peut s’en féliciter et s’en étonner, mais les acheteurs n’ont pas abandonné le camping-car après la crise sanitaire et le choc des hausses de prix. C’est une bonne nouvelle qui confirme l’ancrage très fort du camping-car dans les habitudes des Français.
Selon plusieurs marques, dont le leader Chausson / Challenger qui a réalisé une enquête intéressante sur les salons européens, les primo-accédants représentent 50% des acheteurs ! Le fourgon en forte progression tire sûrement ces chiffres vers le haut et joue pleinement son rôle de porte d’entrée dans le monde du camping-car.
Au volant de leur nouveau camping-car, cette clientèle de jeunes retraités ou en fin d’activités ambitionne de partir 3 mois dans l’année. Parmi les critères les plus importants qui ont guidé leur choix, ils citent dans l’ordre l’équipement, le couchage et le design intérieur. Signe d’une extension des pratiques hivernales, le taux de souscription du pack Artic (chauffage renforcé…) chez Chausson / Challenger grimpe à 30% sur l’ensemble de l’Europe. Les clients changent, les pratiques aussi. Le camping-car, sous toutes ses formes, accompagne les utilisateurs dans leurs activités de plein air : vélo, randonnée, kit surf, ski, etc.
L’étoile Mercedes attire les constructeurs et les clients
Le nombre des camping-cars greffés au Mercedes Sprinter a considérablement augmenté ces dernières années. Certains s’en font même une spécialité. Hymer le privilégie autant que possible Mercedes et réduit la part du Fiat Ducato à deux modèles seulement… L’étoile Mercedes revient en force également chez Notin, Rapido, Eura Mobil, Le Voyageur, etc. D’autres l’accueillent, comme Fleurette, Weinsberg, Niesmann+Bischoff ou récemment Laika…
Il faut dire que le Mercedes cumule les arguments en sa faveur, à commencer par une image forte qui garantit une bonne valeur de revente et des technologies de pointe (système multimédia MBUX, ADAS de dernière génération, etc.)
Aux côtés des versions propulsion et 4×4, qui font la joie des marques haut de gamme, le Sprinter se décline aussi en version traction, sur châssis d’origine Mercedes ou en liaison avec des châssis rapportés (AL-KO ou SLC). Cette variante traction permet au Sprinter de rivaliser avec le Fiat Ducato.
Le lit pavillon décroche
Est-ce la fin du lit de pavillon escamotable ? Certains, à l’image de Guerric Bruand, le directeur général de Notin, le pensent ouvertement. « Le recul du lit de pavillon se poursuit et s’amplifie depuis le début de saison. Aujourd’hui, 60% des acheteurs ayant commandé un profilé Notin écartent le lit de pavillon, alors que l’option était systématiquement souscrite il y a trois ans. C’est un phénomène assez général et pas seulement limité à notre marque. J’ai le sentiment que nous sommes arrivés à la fin d’un cycle ».
Longtemps placé en tête de gondole, ce lit d’appoint a perdu en influence au fil temps et se retrouve relayé au rang des options sur les modèles où sa présence n’est pas obligatoire. Le paysage n’est pas monochrome et laisse apparaitre des exceptions. Fleurette le retient de série sur le tout nouveau profilé Elister (Mercedes). De même, chez Chausson / Challenger, le lit de pavillon redessine les contours du camping-car compact, fer de lance des deux marques françaises. Beaucoup de modèles, dont l’incontournable 640 / 260 dévoilé en 2017, dans le sillage du 610 / 290, s’appuie sur l’indispensable lit de pavillon. Ce dernier se décline parfois dans un format singulier, en deux lits séparés et motorisés (Challenger 270).
En somme, toutes les fois où le lit de pavillon n’est pas obligatoire au quotidien, il semble remis en cause. A tord ou à raison, on lui prête, il est vrai, beaucoup de défauts. Il entrave parfois la porte cellule, réduit la charge utile et la hauteur intérieure, limite dans certains cas la taille des placards. Sans compter les éventuels bruits en roulant…
Lits jumeaux : chacun son côté, chacun son matelas
Le lit conjugal est le lieu où s’expriment des aspirations contradictoires, entre désir de proximité et demande de bien-être personnel. A la maison, comme dans le camping-car, l’objectif est le même : trouver la bonne distance, le juste compromis. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de voir monter en flèche le nombre des camping-cars à lits séparés, dans toutes les familles de produits. Un rapide tour d’horizon des catalogues laisse à penser qu’il y aurait près de 400 variantes disponibles avec des lits jumeaux… sans compter les fourgons. De toute évidence, c’est la disposition la plus populaire au sein des catalogues de grandes marques. Plusieurs professionnels du camping-car confirment ce mouvement de fond, enclenché depuis de nombreuses années. « La progression des lits jumeaux est incontestable en France. C’est une évolution claire et nette sur l’ensemble des produits camping-cars » détaille un constructeur.
D’une marque à l’autre, le curseur de la demande peut varier. La marque française Notin, spécialiste du haut de gamme, enregistre de son côté un retour du lit central retenu dans 65% des ventes. « Les améliorations que nous avons apportées à cette disposition, notamment sur la largeur du lit et l’accès aux rangements, ont rebattu les cartes en faveur du lit central. En fait, tout dépend de la demande des clients. Les lits séparés conviennent mieux à ceux qui veulent un garage haut, jusqu’à 124 cm en option. Avec les marches au centre, les lits restent accessibles » résume Guerric Bruand, le directeur général de Notin.
Si les offres en lit central ont pratiquement disparu sur les petits camping-cars en 6,50 m environ, à l’exception notable des Rapido C50 et Pilote/Bavaria 650 C, ce n’est pas le cas sur les lits séparés. Au contraire, les propositions sont multiples sur les petits camping-cars. Nous en avons compté pas moins d’une vingtaine entre 6,45 et 6,65 m. Difficile d’en dresser la liste complète, mais voici quelques exemples : Bavaria T650 GJ (6,49 m), Benimar Y 861 (6,69 m), Bürstner Travel Van T 620 G (6,60 m), Carado V337 (6,64 m)… Étant entendu que l’offre tire généralement la demande, les lits jumeaux gagnent forcément du terrain.
La dynamique des camping-cars compacts s’étend à l’intégral
À quel camping-car rêvent les Français ? Faute d’études très précises sur le sujet, il faut replonger en 2011, lorsque la revue Camping-car Magazine interrogea ses lecteurs sur le camping-car idéal, en concertation avec le constructeur allemand Dethleffs. Le questionnaire dessina les contours du Globebus I15, un intégral compact (6,30 m x 2,15 m), offrant de beaux espaces à vivre et de grands rangements sous le lit transversal. Il sera rapidement prolongé par le profilé T15. Près de quinze ans plus tard, Dethleffs n’a pas abandonné le concept et le reprend sur le Globebus I1 (5,99 m), dans un format encore plus serré.
S’ils devaient de nouveau se prononcer sur cette question, les Français répondraient sensiblement la même chose, à en croire les distributeurs. « Les gens recherchent toujours le mouton à cinq pattes. Le camping-car court, passe-partout, et… grand à l’intérieur ». Et si les intégraux « compacts » étaient les mieux placés pour répondre à cette double exigence de confort et de maniabilité ?
Unique aux camping-cars recarrossés, l’extension du volume de cabine améliore la sensation d’espace et autorise l’aménagement d’un couchage supplémentaire, sans contredire le salon. Dans le sillage de Carthago, très en avance sur ce point, plusieurs marques françaises à forte notoriété veulent y croire, parmi lesquelles Rapido, dont la Série Ci (Rapido) réalise un bon démarrage. Avec une largeur réduite à 2,17 m, ces camping-cars Rapido lèvent les derniers freins à la conduite d’un camping-car intégral. N’oublions pas non plus Itinéo et sa gamme d’accès Family Compact.
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Un camping-car à la croisée des chemins, entre sport et aventure
Les valeurs d’évasion, de liberté et d’aventure sur lesquelles repose toute l’industrie du VDL sont très inspirantes et guident les acheteurs vers le camping-car. À des degrés divers, les constructeurs l’ont bien compris et jouent avec les codes de l’aventure, que ce soit dans le choix du design extérieur, l’équipement ou l’architecture du camping-car (motorisation / transmission). Ce phénomène ne peut que s’accélérer. Il y a une vraie demande pour un camping-car innovant, au design renouvelé, qui efface l’image trop sage, trop connotée, du camping-car de papi-mamie. La nouvelle génération rêve d’autres choses.
Hymer avait ouvert la voie avec la série « Cross Over » à motricité renforcée, avant d’élargir l’offre avec le ML-T 580 4×4 et le spectaculaire Venture S sur Mercedes Sprinter 4×4. D’autres l’ont rejoint, comme Eura Mobil (Xtura) ou Dethleffs (Performance sur Volkswagen 4×4).
Sans tomber dans les excès d’un camping-car poids lourd inaccessible, Chausson / Challenger participent de ce mouvement et cassent les codes traditionnels du camping-car. Ce parti pris leur permet de toucher en Europe une clientèle plus jeune, dont la catégorie d’âge est comprise entre 55 – 65 ans. Avec la série Atlas, Pilote force le trait et renforce le caractère sportif de ses camping-cars sur Ford Transit. Un pari gagnant et sans doute plein d’avenir.