Loin d’être reprise par toutes les marques, cette technique de fabrication développée chez Frankia dès le milieu des années 1990 garantit un usage prolongé et toutes saisons de son camping-car. Mais, derrière ces avantages bien réels, apparaissent certains inconvénients de prix et de poids.
- AVANTAGES DU DOUBLE-PLANCHER
1. Isolation thermique et phonique renforcée
Le vide sanitaire créé entre les deux planchers constitue un parfait isolant contre le froid et les bruit de la route. Mieux encore, durant l’hiver, ce volume d’air est chauffé. En conséquence, la circulation pieds nus sur le plancher ne devient plus une épreuve…
2. Mise hors-gel des réservoirs d’eau
Faut-il rappeler que la mise hors gel du réservoir d’eau propre n’est pas une exclusivité liée à cette construction ? Déjà, sur les camping-cars à simple plancher, il est installé à l’abri du froid, sous une banquette de dînette. En réalité, l’avantage du double-plancher tient à la protection de la cuve des eaux usées installée dans une enceinte chauffée en dessous du point d’évacuation le plus bas, c’est-à-dire celui de la douche. Sur un plancher simple, en vertu des mêmes lois physiques, la cuve se trouve forcément au contact de l’air ambiant, et donc du froid…
Dans le double-plancher, sont également protégées les arrivées d’eau et surtout la batterie cellule, dont la puissance restituée varie en fonction de la température ambiante. Autrement dit, n’en attendez pas des merveilles si elle est exposée en plein froid.
3. Circulation des réseaux d’eau, de gaz, d’électricité et de chauffage
De cet atout, on pourrait penser que les utilisateurs n’en tirent pas un avantage direct ; le bénéfice revenant plutôt aux constructeurs qui s’épargnent le passage des réseaux derrière les meubles. Tout cela est vrai. Précisons tout de même que la proximité des canalisations d’eau et des gaines de chauffage renforce l’efficacité contre le gel.
4. Des espaces de rangements supplémentaires
En général, le double-plancher est un atout décisif pour de longs séjours ou des vacances sportives. Accessibles par des portillons et des trappes, les volumes libérés sous le plancher autorisent le chargement d’objets encombrants tels que les chaises et tables de camping, les cannes à pêche, les skis, la planche à voile, etc. Les habitués savent à quel point ces rangements sont précieux. Le double-plancher n’exclut pas l’aménagement d’un garage où ranger les vélos.
A ce stade, deux remarques sont nécessaires. Primo, ce gain de place n’a de valeur que si la charge utile est suffisante ! Il convient donc de vérifier au préalable cette information essentielle, sous peine de ne pas profiter pleinement des potentialités du double-plancher. Secundo, les rangements attendus ne sont pas toujours au rendez-vous. Les constructeurs ont développé des double-plancher fonctionnels, appelés aussi de services, accueillant uniquement les réservoirs d’eaux. Attention donc aux faux espoirs.
5. Alignement des hauteurs intérieures
Le nivellement des hauteurs entre la cellule et la cabine évite les ruptures de niveau si piégeuses au quotidien, notamment entre le salon et la cuisine… Le double-plancher permet aussi d’absorber les passages de roue et d’en limiter l’impact sur l’aménagement intérieur. C’est particulièrement vrai sur les modèles à lit central où l’empreinte des roues gène la circulation intérieure ou oblige à des positions inconfortables dans la douche.
6. Structure rigidifiée
Sur les châssis à simple Oméga, à l’image du Fiat Ducato, le plancher de la cellule joue un rôle important car il rigidifie l’ensemble de la structure. Donc, avec un double-plancher, c’est deux fois mieux.
- INCONVENIENTS DU DOUBLE-PLANCHER
1. Hauteur conséquente du véhicule
Etant entendu que les cotes internes sont conditionnées par des impératifs d’habitabilité, tout relèvement du plancher accroît la taille du véhicule. Les vrais camping-cars à double-plancher culminent autour de 2,95 m, voire au-delà en fonction de la hauteur du soubassement. Dix, quinze, vingt ou trente centimètres dans les cas les plus courants.
Ce décalage rend également l’accessibilité un peu plus difficile. En d’autres termes, la marche d’accès est plus haute.
Conscients de cet handicap, les constructeurs ont travaillé très tôt sur des châssis surbaissés de type Al-ko, à l’image de Frankia , Pilote, Bürstner et même Challenger avec la capucine 510. Il est vrai, la combinaison double-plancher + Al-ko fonctionne à merveille. C’est un beau mariage. La seule ombre au tableau, c’est la garde au sol réduite ! Ce n’est pas dramatique, mais dans certaines circonstances, lors d’un embarquement sur un ferry par exemple, ce détail risque de poser problème. Plus encore si le porte-à-faux est long.
2. Prix et poids supérieurs
Un double-plancher nécessite du travail et des matériaux supplémentaires, d’où l’incidence sur le prix et le poids du véhicule. C’est d’une logique implacable, même s’il faudrait tempérer la réponse en fonction de la nature réelle du double-plancher. S’agit-il d’un DP fonctionnel ou de rangement ? Dans les deux cas, les exigences ne sont pas les mêmes.
3. La construction ne supporte pas les approximations
La conception d’un camping-car double-plancher exige une parfaite connaissance des contraintes techniques auxquelles le véhicule se trouve soumis au quotidien, que ce soit durant les phases de freinage ou d’accélération ou lors des déplacements à l’intérieur. Les planchers superposés doivent être solidaires et ne pas grincer aux premiers virages venus… Bref, c’est une affaire de spécialiste.
Alors pour ou contre le double-plancher ? Certains inconditionnels n’abandonneraient pour rien au monde l’architecture à double-plancher garante d’un confort supérieur. On veut bien les entendre et les comprendre. Pour autant, face aux frimas, on ne reste pas démuni avec un camping-car de construction plus classique. Moins cher et presque aussi efficace qu’un double-plancher, on pourra choisir un modèle équipé d’un plancher simple isolé par une mousse haute densité (Styrofoam) et recouvert durant les séjours à la montagne d’une moquette amovible. C’est un bon rempart contre le froid.
Reste la question de la mise hors-gel du la cuve des eaux usées. Certains constructeurs la proposent après dérivation du circuit d’air pulsé vers la cuve de récupération placée sous le châssis. En toute honnêteté, on reste circonspect sur l’efficacité du procédé par des températures extrêmes. Veillez surtout à vérifier où se trouve le point de vidange, sur le côté du camping-car au moyen d’une vanne ¼ de tour ou alors au niveau du réservoir, sous le camping-car. Seule cette dernière permet d’éviter le gel de l’installation et les contraintes de vidanges permanentes.
{tab Pour}
Si on bénéficie de vrais rangements supplémentaires (prévoir dans ce cas le passage au poids lourd).
Si on projette de partir souvent à la montagne, c’est-à-dire au-delà d’une simple semaine par an.
{tab Contre}
C’est plus cher et pas forcément utile dans le cadre d’une utilisation modérée.
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- QUI SONT LES VRAIS SPECIALISTES DU DOUBLE-PLANCHER ?
1. Frankia
A tout seigneur, tout honneur. Jamais en retard d’une bonne idée, Frankia fut le premier constructeur a concevoir un camping-car avec double-plancher de série, dès les années 1994-1995. Un concept ensuite étendu, en 2002, aux modèles sur Mercedes. Toute cette expérience acquise profite directement aux autres marques du groupe Pilote qui reprennent la formule du double-plancher, soit dans sa version première avec rangements (DPR), soit dans une version simplifiée dite de services (DPS), moins lourde, moins haute et surtout moins coûteuse. Les fonctionnalités ne sont, à l’inverse, pas aussi étendues.
2. Eura Mobil
La conception sur double-plancher est intrinsèquement attachée à la marque allemande Eura Mobil qui la décline sur l’ensemble de ses gammes, hormis les fourgons Davis. La prouesse est d’autant plus remarquable que les prix restent compétitifs, à partir de 49 900 € sur la série d’accès Profila. C’est important de le souligner, on reste également dans des camping-cars de poids inférieurs à 3500 kg.
3. Niesmann + Bischoff
Marque haut de gamme, Niesmann + Bischoff est reconnue pour la qualité de ses camping-cars bridés sur Iveco Daily (Flair 100 et Flair 1 000) ou Fiat/Alko (Arto). Très belle construction rigidifiée par un cadre et un treillis de profils aluminium. Sur les versions poids lourds, on accède à des rangements conséquents et une autonomie en eau pouvant atteindre les 300 litres.
4. Hymer
Le géant allemand développa dès 1997 un premier double-plancher sur châssis Al-ko associant de grandes capacités de rangements et une mise hors-gel des équipements techniques. Conservant les mêmes spécificités, le concept reste d’actualité sur les remarquables intégraux B-SL (à partir de 83 000 €).
Sur la Classe-B, la plus large des séries d’intégraux Hymer, greffés sur Fiat Ducato, le double-plancher multifonctions comprend la batterie, les réservoirs d’eau et le chauffage. L’air pulsé et chauffé dans ce compartiment étroit agit comme un chauffage au sol. Des rangements parcellaires exploitent les espaces laissés libres.
5. Carthago
Le « dragon » de Ravensburg à la croissance asiatique décline sur la nouvelle série d’accès c-tourer les techniques de construction héritées et éprouvées sur les intégraux de prestige. C’est ainsi qu’est repris des superbes Chic c-line la diffusion de la chaleur contenue dans le double-plancher par l’intermédiaire des parois intérieurs en aluminium. Un léger décalage arrière des meubles permet la ventilation. C’est astucieux et efficace. De surcroît le sol chauffé pour plus de confort.