Annonces

Si c’est de loin l’usage le plus incontournable à bord des véhicules de loisirs, l’évolution de nos toilettes n’apparait pas être la priorité des constructeurs. Les choses sont en train de d’évoluer sous l’impulsion de nouveaux acteurs et d’innovations qui répondent aux aspirations écologiques actuelles.

Des nouveaux WC font leur apparition. À la fois plus économes, plus pratiques pour gagner en autonomie et s’épargner les laborieuses vidanges de la cassette des toilettes, ils révèlent également de nouvelles opportunités d’aménagements pour les constructeurs. Campingcarlesite vous propose de faire un petit tour aux toilettes : un état des lieux des WC dans nos camping-cars et les équipements glanés sur les récents salons internationaux.

WC chimique : l’omniprésent mal aimé

C’est aujourd’hui la norme, à de rares exceptions près, lorsque vous achetez un camping-car ou un fourgon aménagé, le constructeur l’aura équipé d’un WC chimique, principalement de marque Thetford ou Dometic. Raccordé au réservoir d’eau propre, son emplacement dans le véhicule doit coïncider avec un accès technique extérieur : une trappe, afin de pouvoir stocker et retirer la cassette amovible d’environ 18 L. Il existe des versions portables, notamment pour les vans aménagés sans salle de bain, sous les noms de gamme 900 chez Dometic, Bi-Pot pour Fiamma ou le célèbre Porta Potti de Thetford.

S’il offre tout le confort de toilettes à bord d’un camping-car, le WC chimique n’en est pas moins consommateur en eau et produits chimiques, et très dépendant de vidanges régulières dans des stations aptes à récolter les eaux noires.

Inconvénient d’un WC chimique, il puise dans les ressources en eau et dépend d’un additif chimique, ce dernier a pour vocation de bloquer la fermentation et les odeurs (et non de favoriser le processus de décomposition). Sans additif, vous subissez les odeurs des excrétions. Avec, vous supportez celle du produit chimique. Enfin, tous les 3 jours en moyenne, vous devez vider la cassette en déversant manuellement son contenu, exclusivement dans une borne de vidange pour WC. Omniprésent dans nos camping-cars, il est paradoxalement mal aimé pour toutes ces raisons.

Inventé dans les années 60 aux USA, en plein boom de la vanlife et du VW Combi T2, le célèbre WC Porta Potti de Thetford est indissociable de son additif Aqua-Kem. Depuis les consciences environnementales ont évolué. Photo © Thetford.

Des solutions existent pour utiliser un WC chimique, sans produit chimique. Solbio, par exemple, est un additif sanitaire 100% naturel, biologique et végétal, approuvé par de nombreux camping-caristes. Le fabricant SOG propose l’ajout d’un système de ventilation pour se passer de produit chimique, qui favorise la décomposition par l’oxygène et l’eau, et évacue les mauvaises odeurs, une technologie éprouvée depuis 30 ans.

Plus récemment sont apparues de nouvelles solutions, plus innovantes, économes en eau, qui réinventent nos lieux d’aisances à bord des camping-cars, et suscitent enfin l’intérêt des constructeurs.

Les nouvelles solutions de WC sans produits chimiques

 ✅ Thetford Indus Eco : WC relié aux eaux grises

En 2020 Thetford lançait Indus, un système vertueux récupérant et traitant les eaux grises de cuisine et de salle de bains pour alimenter un WC, lui-même équipé d’un macérateur pour liquéfier le tout sous forme d’eaux grises avant de pouvoir les vidanger à l’aide d’un tuyau extérieur. Ce système qui nécessitait 3 additifs, certes sans corvée de cassette, n’avait rien d’une alternative au WC chimique.

Quatre ans plus tard, Thetford revoir sa copie. Au Caravan Salon de Düsseldorf 2024, l’industriel américain a présenté une nouvelle version de son système : Indus Eco, cette fois-ci sans additifs ! Toilette de 7,5 kg, consommation d’eau faible, pompe macératrice silencieuse, agencement libre dans le camping-car, accès facile pour le nettoyage et rinçage périodique, tuyau de 2 m intégré pour une vidange sur un regard d’eaux grises, autonomie de 7 jours… bref, tout est fait pour séduire constructeurs et utilisateurs.

Le tarif de l’Indus Eco n’a pas encore été communiqué, Thetford laisse entendre que son système équipera de série des marques de camping-cars dans la première moitié de l’année 2025.

Clesana et Cleanflex : WC à sacs jetables

Voilà un nouveau genre de toilettes, véritable alternative au WC chimique, qui ne nécessite ni eau, ni produit chimique. L’idée consiste à récolter directement les déchets organiques dans un sac. Littéralement, vous faites vos besoins dans un sac plastique placé dans la cuvette du WC ! Celui-ci est thermoscellé, les sacs tombent dans un récipient et peuvent ensuite être directement jetés dans une poubelle classique.

Avec CleanFlex, à gauche, Clesana, à droite : l’affaire est dans le sac !

Deux marques occupent ce créneau, l’entreprise suisse Clesana, et le constructeur Knaus Tabbert avec son Cleanflex. Même système de sacs scellés jetables, leur différence notable : Clesana (13,5 kg) dispose d’une commande électrique déportée, Cleanflex (7 kg) intègre la commande sur les WC. Simplement raccordé à l’électricité, ce WC offre une plus grande liberté d’aménagement aux constructeurs. Quant à l’utilisateur, il économise de l’eau et peut bivouaquer partout, il ne dépend plus d’infrastructures pour les eaux noires. Seul l’achat de sacs spéciaux résistants reste obligatoire.

 

Knaus et Weinsberg viennent de lancer l’offensive en proposant Cleanflex, en option sur leurs camping-cars et fourgons aménagés (489 €), de série sur le fourgon Weinsberg X-Pedition et le futur Knaus Cascan. Prix des 76 sacs, à partir de 20 €. Quant à Clesana, il est disponible chez les accessoiristes (1.440 €), on le trouve de série sur le Dethleffs Globebus Performance 4×4, également en option chez l’aménageur de camper-vans MegaMobil. Prix des 36 sacs Clesana, à partir de 30 €. Il existe par ailleurs une marque qui propose une version portable de WC à sacs jetables : LooSeal EVO (600 €).

Cinderella : WC à incinération

Voilà 25 ans que le norvégien Cinderella Eco Group propose une solution de WC écologique : les toilettes à incinération Cinderella. Ce WC n’utilise ni eau, ni cassette, il réduit tous nos déchets organiques en cendres. L’utilisation est simple, on place un sac en papier spécial Cinderella dans la cuvette, on fait ses besoins puis on referme l’abattant. Ensuite l’activation d’un bouton dépose le sac et son contenu dans la chambre d’incinération à haute température où les déjections sont réduites en une faible quantité de cendres. Le système assure 70 passages aux toilettes avant vidange qui consiste à vider le récipient de cendres.

Alimenté soit au diesel, soit au gaz, Cinderella nécessite une alimentation électrique, un circuit d’air ainsi qu’une évacuation par le toit. Utilisé dans les chalets, les mobil-home, les bateaux, le WC à incinération Cinderella est régulièrement installé dans des véhicules de loisirs, en deuxième monte. A l’instar de Kabe ou Sunlight, certaines marques de caravanes et camping-cars le proposent en option. Les prix démarre à plus de 4.000 € pour le modèle standard avec kit d’installation.

Un modèle équivalent existe chez Separett avec le modèle Family II. La marque suédoise développe des solutions de toilettes sans eau depuis 40 ans, elle a créé les toilettes à séparation en 1993 et ses WC à incinération en 2012. Le prix du Separett Family II démarre à 3.070 €.

Etteliot : WC à évaporation

L’entreprise franco-allemande Etteliot (toilettE à l’envers) fait beaucoup parler d’elle. Mise récemment sur le devant de la scène par sa levée de fond de 1,4 million d’euros, la jeune pousse a développé depuis 2020 un appareil breveté qui transforme l’urine en brouillard. Il s’agit d’un boitier alimenté électriquement, qui vient s’ajouter à un WC à séparation. L’urine est ainsi récoltée, traitée par électrolyse et rejetée sous la forme d’un brouillard à l’extérieur du véhicule.

Cet ingénieux système sans eau, sans additif et sans vidange, fonctionne greffé à des toilettes sèches à séparation. Le boitier Etteliot S (S pour Small, la petite commission) est proposé à 950 €. Un second boitier est actuellement en développement, Etteliot L (L pour Large, la grosse commission) pourra gérer les matières fécales qui seront traitées par combustion, grâce à l’hydrogène produite par l’électrolyse des urines, à moindre consommation énergétique. Pour fonctionner, ce deuxième boitier pour les selles devra obligatoirement être associé au premier boitier pour l’urine.

Testé et validé par des vanlifers, mais également dans le BTP et le nautisme, l’efficience d’Etteliot se confirme et suscite déjà l’intérêt de professionnels. La perspective d’Etteliot S + L  laisse présager une autonomie totale à bord à bord des véhicules de loisirs. Un WC magique en quelques sortes, qui ne puise plus dans les faibles ressources d’eau du véhicule, sans utiliser d’additifs, sans avoir de vidange à faire, mis à part quelques cendres. Une entreprise à suivre.

L’autre alternative : les toilettes sèches à séparation

N’oublions pas les toilettes sèches à séparation, très prisées par les propriétaires de fourgons et vans aménagés. Souvent portables, parfois fixes, les toilettes sèches s’utilisent sans eau, sans produits chimiques, les déchets sont récoltés séparément, sans odeur avec l’addition de litière, et facile à éliminer.

Il existe une très grande variété de modèles et de fonctionnalités, parmi de nombreuses marques de toilettes sèches : Trelino, BioToi, Nature’s Head, Trobolo, Separett, Cuddy, Air Head, Trennto, Flexaport, Boxio, BokLo… Des aménageurs indépendants de camper-vans n’hésitent à proposer ces solutions en option, ainsi que les nouveaux modèles à incinération, évaporation ou à sacs jetables.

Ailleurs sur le web