Notin, la doyenne des marques françaises de véhicule de loisirs, s’apprête à fêter son centenaire en 2021 ! Retour en deux épisodes sur l’histoire de ce grand constructeur, spécialiste de la caravane dès les années 30 et du camping-car depuis la fin des années 40…
Qui n’a jamais croisé un camping-car ou une caravane Notin n’a jamais pris la route ! Se tenant à l’écart de la production de masse, cette marque illustre a traversé toutes les époques, accompagnant la démocratisation de l’automobile et l’avènement du temps libre depuis les années 30.
Un très fort ancrage local
Fidèle à ses valeurs, Notin l’est aussi à son ancrage géographique. En 1921, les frères Notin, Francis et Joseph, fabriquent des chariots et des remorques d’habitation, à Panissières, dans la Loire. Cent ans plus tard, Notin y est toujours installé ! Non pas dans les mêmes ateliers, mais dans une usine moderne mise en service en 2017 (VOIR : Notin se construit un avenir européen).
En 1933, les frères Notin fabriquent une première caravane de tourisme à la demande d’un avocat niçois. Dans un courrier de 1963, publié dans la revue spécialisée Caravaning et mis en ligne par le RCCF, le propriétaire évoque cette commande spécifique « J’ai insisté pour la création et l’imposition de lanterneaux, en indiquant qu’en Orient, où j’ai longtemps vécu, les wagons de chemin de fer étaient tous dotés de lanterneaux afin de favoriser largement l’aération, qui en effet rafraîchissait considérablement l’intérieur. Depuis M. Notin les a adoptés définitivement. Ils sont même devenu le signe recognitif de sa marque ».
Dès 1935, Notin expose à la foire de Paris. Les bases de la fabrication s’appuient sur une ossature bois (frêne), assemblée dans les règles de l’art, par tenons et mortaises, et protégée par des panneaux en tôle à l’extérieur.
À l’époque, la caravane était encore réservée à une élite aristocratique. Dès 1936, la limitation de la durée légale du travail à quarante heures pousse sur la route et les plages de nombreux Français. Avant la France, d’autres pays ont déjà adopté le principe des congés payés.
Une bonne centaine de caravanes Notin circule sur les routes insouciantes avant que n’éclate le conflit généralisé. La guerre entraine des réorientations de la production. Notin répond aux commandes de l’Etat et livrent des remorques pour l’administration de Vichy, située à une centaine de kilomètres de Panissières.
Un premier Living-car en 1948
Au lendemain de la seconde guerre, Notin, réputé pour ses caravanes à fenêtres de toit, est sollicité par un particulier pour la première commande d’un Living-car, selon l’expression de l’époque.
Sur la base d’un camion Renault, ce premier camping-car Notin ressemble d’assez près à un bus aménagé avec trois baies sur le flanc gauche, une série de deux rangées de 5 fenêtres ouvrantes le long de la ligne de toit et une autre avec pare-soleil en partie haute de la cabine.
La deuxième commande se présente en 1951 et implique une authentique Renault Goélette 1000 kg de type R2060. Avec ses 6,20 m de long, elle évoque parfaitement un camping-car d’aujourd’hui. Du reste, il est en parfait état, roule encore et figure en bonne place dans les rassemblements de véhicules anciens.
Sa carrosserie en tôle pointée sur un squelette en frêne n’a pratiquement pas eu besoin de restauration. C’est dire la qualité de son étanchéité. Bien sûr, face à un véhicule moderne, il souffre de quelques lacunes comme l’absence de chauffage et d’eau chaude. Sur le plan mécanique, les 4 cylindres à soupapes latérales du moteur essence ne développaient que 48 ch. pour animer les 1850 kg à vide du véhicule. Pas de quoi imaginer mieux que 70 km en pointe…
Cependant, jusqu’au milieu des années 70, le choix d’un camping-car ne s’imposait pas et arrivait loin derrière la demande en caravanes. Si bien que ce segment de marché est longtemps resté une sorte de parenthèse dans la production de Panissières. Le décès prématuré de Joseph Notin en 1959 désorganise l’entreprise qui, en manque d’inspiration, se renferme sur le prospère marché des caravanes. Toutefois, la marque accompagne le marché du camping-car en scellant des accords commerciaux avec Mercedes et Citroën. Cela permit à Notin de présenter des Living-Home de haute qualité pour l’époque.
Hormis la structure tôlé, le client est enjoint à choisir l’ébénisterie (pin, chêne, acajou), les revêtements, les décors, les tissus, les équipements. Cette exigence de qualité pèse sur les coûts de revient… Cette stratégie s’avère malheureusement trop dispendieuse pour l’entreprise. Malgré le recours à des porteurs moins luxueux comme la première version du très classique Ford Transit, la menace d’un dépôt de bilan plane sur l’entreprise qui se trouve confronté, dans le même temps, à la fin des années 70, à un marché de la caravane en perte de vitesse. Notin a besoin d’urgence d’un homme providentiel et il arrive !
À suivre : Notin, une passion française